Login

« LE SORGHO, UNE CULTURE SOBRE ET UN FOURRAGE INTÉRESSANT »

« Vu le manque total de maturité de la plante, récoltée mi-novembre, il n'y a pas eu d'effet cet hiver sur les taux du lait. »

Serge Seene développe depuis cinq ans le sorgho ensilage pour ses laitières. Peu exigeante en intrants, cette culture s'associe au maïs dans la ration, où il s'avère appétant, sécurisant et favorable au TB.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

AVEC DIX HECTARES DE SORGHO DESTINÉS À L'ENSILAGE, SERGE SEENE ALLOUE cette annéeautant de surface à cette céréale qu'au maïs. Depuis cinq ans, l'éleveur l'a progressivement développée. À la suite de la lecture d'un article, le sorgho lui est apparu,comme une autre solution au maïs ensilage, intéressante à plusieurs titres. « Nous avions eu, avant 2009, des étés assez secs pendant lesquels les maïs étaient à la peine, alors que le sorgho est tolérant à la sécheresse. Et il n'attire pas les sangliers, nombreux partout dans le secteur, y compris loin des forêts. Surtout, le sorgho est peu exigeant en intrants, ce que je recherche, car j'essaie de produire autrement, sur les cultures et sur l'élevage. »

Testé, mais rarement conservé dans les assolements (lire encadré), le sorgho reste peu courant dans la région.

Serge Seene l'introduit sur l'exploitation via des essais avec son fournisseur : un semencier le conseille sur les variétés. Il cultive uniquement des types BMR (Brown mid rib, pour « nervure brune »), avec un taux de lignine plus faible et donc une meilleure digestibilité des parois que les sucriers classiques. Inconvénient de cette moindre lignification : « Ces variétés versent, constate l'éleveur. Une année en particulier, l'entreprise a tenté la récolte à deux reprises (d'où un coût de prestation supérieur), et j'ai dû finalement en ramasser une partie au chargeur ! » À l'inverse, « si l'été n'est pas beau et chaud, surtout en août, le sorgho ne poussera pas... »

« J'OBTIENS UN GAIN SUR LES TAUX, SAUF EN 2013 »

Dans ses terres argileuses, en ensilant vers le 20 octobre en année normale, l'éleveur obtient un rendement moyen de 12 ou 13 tonnes de matière sèche par hectare, comparable à celui de ses maïs. Ces résultats et la bonne valorisation du sorgho par ses vaches laitières, avec un effet positif sur les taux, l'ont incité à poursuivre la culture. « En 2010, j'en ai cultivé 3 ha et j'ai distribué cet ensilage sur environ quatre mois d'hiver. La ration 50 % sorgho-50 % maïs a entraîné un gain sur la qualité, surtout la matière grasse vraiment exceptionnelle, se souvient-il. Les taux ont monté jusqu'à 49 de TB et 36 de TP, sans baisse de production, soit un gain de 50 € par tonne de lait. Quand il n'y a plus eu de sorgho dans la ration, on a vu les taux s'effondrer... », explique Serge.

Serge Seene cultive son sorgho après du blé ou du triticale, et comme précédent au maïs, récolte après mi-octobre oblige. Il le fait semer par un agriculteur équipé d'un semoir monograine avec disques spécifiques, adaptés à la très petite taille des grains, à une densité de 220 000 grains/ha et à partir du 15 mai car « il ne pousse pas s'il fait froid ». Mais sans jamais trop attendre, « puisqu'il nécessite une somme de températures pour atteindre sa maturité à la récolte, à réaliser dans tous les cas avant les gelées : le sorgho est très gélif ». L'année 2013 fut caractéristique de ces difficultés. « Semé au 10 juin, il a été récolté au 15 novembre, complètement immature, sans sucres, sans grains, décrit l'éleveur. L'ensilage a beaucoup coulé, bien que je l'ai mis sur une couche d'ensilage de maïs ! Contrairement aux autres hivers, je n'ai constaté aucun effet sur les taux du lait. »

« J'ÉCONOMISE ENVIRON 130 €/HA EN INTRANTS »

La récolte étant, comme pour le maïs, sous-traitée, Serge Seene intervient en culture seulement pour un traitement de désherbage, après le stade trois feuilles. Et la fertilisation se résume à un apport de fumier à l'automne, enterré par labour. Avec son système racinaire très développé, le sorgho utilise en effet mieux l'eau et les minéraux du sol que le maïs. Comparé à ce dernier, sur lequel l'agriculteur apporte 90 unités d'azote en plus du fumier et dont le coût de semences à l'hectare est plus élevé de 60 €/ha environ, le sorgho lui permet d'économiser quelque 130 €/ha d'intrants.

Le sorgho est ensilé comme le maïs, mais sans utiliser l'éclateur de grains (ceux-ci sont encore laiteux, on ne recherche pas leur maturité car la plante perdrait alors en sucres) et avec un hachage plus grossier. Tant que sa surface était réduite, Serge Seene le stockait « en avant du silo de maïs », qui devait pour cela être découvert. Avec 7,5 ha récoltés à l'automne 2013, le sorgho a été dès lors stocké dans un silo séparé. « Simplement tassé comme un maïs, il se conserve très bien », apprécie Serge Seene. Il incorpore l'ensilage de sorgho dans sa ration mélangée, à raison cet hiver de 20 kg brut/VL, avec 25-30 kg d'ensilage de maïs, de l'enrubanné de luzerne, 2 kg de triticale et 3 kg de correcteur azoté (soja-colza) ; la complémentation individuelle va jusqu'à 4 kg d'aliment de production par vache. « Le sorgho est sécurisant dans la ration, et aussi très appétant, conclut l'éleveur. C'est beaucoup plus facile à faire consommer que du foin. C'est important, puisque ces dernières années, vu la météo, je n'ai pas réalisé d'ensilage d'herbe. »

CATHERINE REGNARD

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement